Bien qu'étant absents ce dimanche, afin de profiter d'un dernier dimanche de vacances, pour sortir en famille au Parc Astérix, les musiciens de l'harmonie Avenir, les élèves et professeurs de l'école municipale de musique tiennent à s'associer à l'hommage rendu à René Déjardin à l'occasion du dixième anniversaire de sa disparition.
En effet, René était un ardent défenseur de la musique à Burbure. Dès le début de son mandat en 1989, il avait eu à cœur de sortir l'harmonie des difficultés qu'elle connaîssait alors, harcelée par l'Urssaf. De nombreuses réunions entre musiciens et élus, où René avait un avis et un enthousiasme communicatif ont ainsi abouti à la création de l'école municipale de musique en 1990, empêchant la disparition de l'harmonie menacée à l'époque, et la perrennisation d'une école de musique aujourdh'hui florissante.
Ensuite tout au long de la vie de l'école de musique, lors de chaque conseil d'administration il s'est impliqué à la réussite de ce projet et a continuellement défendu une politique culturelle ouverte au plus grand nombre et à moindre coût pour les élèves.
Mais au delà de son mandat, René avait des liens d'amitié avec les musiciens. En effet, bien que n'ayant jamais fait partie des rangs de l'harmonie, il était lui-même musicien. Les plus anciens se souviennent de l'avoir vu jouer de l'accordéon. Nous nous rappelons que chaque premier janvier, c'était un grand plaisir de lui faire l'aubade du nouvel an, où ensuite il nous racontait des anecdotes et sa passion pour la musique. Et ce malgré le mal qui le taraudait et dont il parlait sans faux-semblant.
La musique, il l'aimait tant et notamment Georges Brassens pour lequel il vouait une grande admiration. Un titre résume plus facilement que de grands discours la riche et attachante personnalité de René, Les Copains d'abord. René était fidèle en amitié, sincère avec ses amis.
Lui qui croyait au paradis, nous espérons que là-haut il a retrouvé bon nombre d'amis mais aussi Sainte-Cécile avec qui il pourra converser de la musique. Et pour terminer, ce couplet Des Copains d'abord :
Oui, René, toi ça fait pas cent ans mais déjà dix ans et tu nous manques toujours autant.
Se retrouver 10 ans après, ce désir fusant de tous côtés est pris au mot par une équipe de préparation. Il est important que cette rencontre soit l'occasion de redécouvrir l'intuition des Prêtres-Ouvriers. Le 4 pages des PO est le bienvenu et un couple se propose de le présenter sous forme d'ombres chinoises. L'invitation est la même que celle adressée par René en 1992 lors de ses 25 ans de sacerdoce. Au programme : se retrouver pour évoquer René bien sûr, mais aussi pour célébrer ce que nous avons vécu en modestes acteurs de justice, de paix, d'amour que nous essayons de demeurer depuis ces 10 années.
Le 2 septembre 2007, autour du Maire, René Hocq et de la population de Burbure, des Rédemptoristes, des PO, de sa Famille et des Camarades et Ami(e)s de René, 140 personnes sont là dans la chaleureuse salle René Déjardin. André Lamiaux étant gravement malade, son frère Paul et sa belle-sœur Denise - qui l'ont accueilli chez eux - sont là pour le représenter, soucieux de filmer cette rencontre.(1)
Le spectacle d'ombres chinoises, illustre l'historique des prêtres-ouvriers envoyés pour franchir le mur entre le monde ouvrier et l'Eglise,mais surtout le partage du vécu de ces prêtres partis porter la Bonne Nouvelle aux pauvres et qui découvrent le travail salarié : ce lieu où l'homme se construit et s'intègre à la société, là où il est atteint dans sa chair. Vivre la dépendance, l'exploitation, l'insécurité, la soumission et la précarité suscite la conscience d'appartenir au peuple de ceux qui n'ont pas la parole. Il éveille à la soif d'un avenir meilleur et incite à entrer dans la lutte collective pour le faire advenir.
Participants à ces combats de la classe ouvrière, en fidélité à l'Agir de Jésus-Christ, devenus en tout semblables aux hommes ils expérimentent que la Bonne Nouvelle dont ils se sentent porteurs est d'abord celle d'un monde nouveau à édifier, où l'homme ne soit pas victime de l'homme. Cela les amène à découvrir que ce combat pour la justice et la participation à la construction du monde sont une dimension constitutive de l'Evangile. Unanimes ils déclarent : les pauvres nous évangélisent.
La parole est vite donnée et des témoignages du Maire et de l'Harmonie
de Burbure, des camarades de toute la CGT, des amis présents et
particulièrement le groupe des handicapés, alternent avec des messages
venant de Paris, de Bretagne, de Poitiers, de Marseille, de Garros...
Il nous manque le bougre traduit l'émotion de tous ceux et celles qui
continuent à vivre de ces moments de complicité vécus avec
René et qu'ils actualisent depuis 10 ans dans leurs choix de vie.
« Il est toujours présent, dans les décisions lourdes à prendre,
ou parfois pour résoudre des petits conflits, mais surtout pour susciter l'espoir,
je lui demande : Qu'est-ce que tu ferais René ? », dit le Maire.
A l'Harmonie : aux heures de rencontre et de fêtes, spontanément on parle
de lui et on retrouve des anecdotes pleines d'humour. et jaillit un couplet de
Brassens.
« C'est vous qui l'avez fait vivre, vous tous qui êtes là. »
nous écrit Emilie.
Pour Danièle, camarade CGT : C'est à Calonne-Liévin, le quartier qu'on appelait la petite Russie où j'habitais, que je l'ai connu. Devenue secrétaire de l'UD, c'est avec lui que nous avons reçu Mgr Huygue alors Evêque d'Arras venu nous rencontrer. Cela a été l'occasion de débats, d'échanges très profonds... Dans mes rapports avec René, me revient son souci constant de l'Homme avec un grand H... Dans le dernier mot que j'ai reçu en septembre 1995, René fragilisé, demande conseil et ajoute : Je suis décidé à servir de mon mieux la CGT qui m'a tant apporté et que j'ai essayé de servir aussi de mon mieux.
D'autres camarades CGT écrivent : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés telle pourrait être la devise de notre ami René, qui, nous en sommes persuadés, est présent parmi nous par la pensée... Aujourd'hui et demain, il a la volonté de nous faire comprendre qu'il faut poursuivre la lutte en défenseurs des plus défavorisés. L'égoïsme et les privilèges de quelques-uns dominent et imposent l'austérité au plus grand nombre. Plus que jamais, nous devons être solidaires et mener le combat de René. René s'est insurgé contre la misère humaine, à la fois militant du peuple et du Christ. C'est un élu, un camarade, un ami qui s'est investi durant toute son existence au service des autres, tout en faisant abstraction des turpitudes de la vie dont il était accablé.
Viennent ces mots de militantes handicapées : René merci pour le courage que tu as eu malgré ta maladie, pour la joie de vivre que tu as apportée parmi nous, pour le combat pour la vie et la justice que tu nous a transmis, pour la place que tu as toujours donné aux handicapés dans les rencontres... Tu nous permets de nous réunir entre amis dans cette salle qui porte ton nom. Dix ans après ton départ, tu es toujours présent parmi nous, dans nos cœurs.
Ou encore ce Message de la petite Mary et de ses parents : Durant ces 10 ans, j'ai effectué 3 années de catéchisme qui me conduisent vers ma profession de foi. Ce jour-là, je n'aurai pas la joie de votre présence, pourtant vous m'avez accompagnée durant ces années car la foi, vous me l'avez donnée en me baptisant en l'église de Burbure le 13 juillet 1996. Nous n'avons pas eu le bonheur de nous connaître très longtemps et pourtant nous avons partagé ce moment important de notre vie...
II faut écourter et d'autres messages non lus sont là, déposés sur la table de célébration
Avec les frères PO et Rédemptoristes, Chrétiens ou pas, mais tous croyants en l'homme, nous avons tout simplement célébré, chacun à sa façon, ce pain et ce vin de la vie ouvrière que nous fabriquons ensemble.
Le texte d'Evangile : le Seigneur m'a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres... proclamé et actualisé par son équipe PO - ce texte qu'avait choisi René pour son ordination en 1967 - s'avére très parlant pour tous. Avant de partager le pain nous avons bien sûr évoqué tous ceux et celles qui nous avaient quittés depuis ces 10 ans tout particulièrement : Jacques, le frère de René, André et Evelyne ses proches voisins et tant d'autres, si proches.
Poursuivant cette Communion, l'Envoi reprenant les convictions que René réaffirmait la veille de son départ, invite les personnes présentes à interpeller les Autorités de l'Eglise, pour qu'elles suscitent des vocations de Prêtres-Ouvriers. Très vite sur le cahier mis à disposition, les uns signent, d'autres expriment leurs attentes, leurs convictions. Militants de l'espoir, aventuriers de la vie donnée de tous bords, ils réclament que soit donné d'Urgence au monde ouvrier, des militants de l'Espérance. Il en va de la crédibilité de l'Evangile, Bonne Nouvelle pour les exploités, les rejetés du capitalisme arrogant qui, avec l'appui des gouvernements, s'attaque à tous les droits collectifs arrachés par les luttes de la classe ouvrière. Si nous voulons que ça change et que ça bouge, dans la société et dans l'Eglise, levons-nous, car il est temps.(2)
Autour d'un bon repas organisé par les carnavaleux de Dunkerque, la convivialité est assurée. Pour les chants (dont le Chiffon Rouge, bien sûr), l'ancien animateur de Radio-Quinquin est là ! Le soleil étant enfin au rendez-vous, c'est dans le jardin que nous allons prendre le dessert : tartes venues de toutes parts...Et Joël sort son accordéon acheté en vue de ce grand jour, évoquant avec les voisins, les fêtes du 14 Juillet de la rue du Pommereuil. Un autre accordéon fait écho là-bas avec des accents dunkerquois.
Peu à peu chacun se prépare à partir, murmurant : A l'année prochaine ! A la sortie les enfants les attendent proposant les restes du copieux repas. Cheveux blonds du Nord, yeux bleus de Burbure, peau brune du Sénégal ou sourire mexicain, tous, avec leurs parents participent à cette multiplication des pains !
L'équipe de préparation : Jean-Pierre et Dominique, Yannick, Nelly et Christophe, Michel, Catherine, René, Roger, Bernadette, Carole et Pascale.
(1) Vous pouvez vous procurer ce DVD (qui a donné tant de joie à André) auprès de Michel Lecomte Tel : 03 21 54 14 36 (pour 5€ de participation).
(2) C'est au cours des funérailles d'André Lamiaux, en présence de Mgr Jaeger, Evêque d'Arras, que ces convictions ont été fortement exprimées à travers la lettre d'un ami PO à son frère André et les témoignages du Maire de Lillers et des camarades CGT de Lillers.